Haizabia
Au XIXe siècle, la douceur du climat qui caractérise la Côte basque tout au long de l’année, contribue à l’essor du tourisme balnéaire. Dès 1839, durant la 1re Guerre Carliste, l’aristocratie espagnole délaisse Saint-Sébastien pour Biarritz. Et, en 1862, les Anglais classent Biarritz comme une station d’hivernage au même rang que la Riviera et la Corse. À partir de 1864, l’arrivée du chemin de fer avec la ligne Paris–Hendaye entraîne le développement du tourisme sur le reste de la Côte basque.
Ainsi, à la fin du Second Empire, on assiste à une opération d’urbanisation très réglementée pour aménager Hendaye-Plage:digue, hôtel Continental, établissements de bains, casino… mais les lots tardent à trouver acquéreur. Le développement du tourisme fait miroiter un essor économique, mais les avertissements prémonitoires sur les conséquences de cette évolution, n’empêchent ni l’acculturation de la population autochtone, ni la gestion déplorable de l’espace et l’exode qui marque profondément l’intérieur du pays. Entre 1876 et 1901, Hendaye passe de 1463 à 3215 habitants. Le Pays basque, pauvre en stations thermales (si l’on excepte Camboles-Bains), saura en revanche mettre en valeur les sites balnéaires en vantant les bienfaits des bains de mer. L’apparition des établissements de thalassothérapie marque la dernière étape de l’exploitation de cette "ressource locale".
Mais si les curistes repartent en pleine forme, l’eau-de-mer-qui-fait-des-bulles possède aussi des vertus pour l’économie locale (hôtellerie, casinos, sports, spectacles…) et surtout pour la santé de grands groupes extérieurs au pays. Il serait injuste de ne pas reconnaître que le tourisme, c’est aussi la démocratisation des loisirs. De nombreux centres de vacances et campings existent encore dans la zone de la Corniche, témoignant de l’épopée des "Congés payés" (1936) et de l’accès du plus grand nombre aux joies de l’Océan. Pour construire l’Hostellerie d’Haizabia sur le site d’un ancien moulin, Henry Martinet est aidé par Léonine Mortier de Trévise, princesse de Faucigny–Lucinge, qui vient d’acheter à la mairie d’Urrugne une partie du Domaine d’Abbadia pour construire sa maison et a participé au financement de la route en corniche. À partir de 1928, on vient à Haizabia de toute la Côte basque pour manger des grillades de viande et de poissons. Les truites et les "angulas" sont conservées dans des viviers alimentés par le ruisseau et les langoustes et les homards dans des bassins d’eau de mer. Plus tard, une piscine d’eau de mer fut également aménagée. En 1944, la SNCF achète Haizabia pour en faire un orphelinat qui sera transformé en centre de vacances. En 1988, le Comité central d’entreprise de la SNCF rénove le bâtiment et le site pour en faire une maison familiale de vacances.
Source: Découverte de la Corniche Basque/CPIE Littoral Basque.- 2014 – 228 p. -
ISBN 978-2-9532907-3-8