À Hendaye, de Lancre reproche aux femmes de tenir leurs sabbats sur la plage. Par des procédés ignobles (torture peut-être, mais surtout délation et utilisation des mythes locaux), il leur arrache des aveux surprenants. Les prétendues sorcières affirment qu'elles jouent à sauter du sommet de la Rhune pour rejoindre la plage d'Hendaye. Les plus jeunes racontent comment les plus vieilles les amènent en volant jusqu'à Terre-Neuve pour faire périr les marins basques qui pêchent la morue.

Pierre de Lancre lui-même organise une expédition aux Deux Jumeaux pour rechercher un pot de poison caché par les sorcières et destiné à ruiner les récoltes et les troupeaux. Tout cela prêterait à sourire si le juge n'avait condamné au bûcher près d'une centaine de personnes... avant de quitter la région en novembre, chassé par les pêcheurs rentrés pour l'hivernage.

En reprenant la carte des communes d'Hendaye et d'Urrugne éditée en 1866, on remarque que la baie de Loya se dénommait autrefois "l'anse de Luhaya". Or Luhaya pourrait être une déformation de "Luraiar" qui se traduit par la "terre du diable".

Entre l'anse de Luhaya et celle de "Sorgin Zilo", la carte indique un ruisseau au lieu-dit "Churruta", qui signifie "écoulement bruyant":les jours d'orages et de tempêtes, si la mer et la terre se mettaient à gronder de concert, cela devait être impressionnant! Avant de s'appeler la Pointe Sainte-Anne, le cap devant Nekatoenea s'appelait le "promontoire de Larrekayx", ce qui veut dire le "promontoire des mauvaises landes.

Il faut reconnaître que ce site à la fois splendide mais aussi lugubre et sauvage pouvait dérégler les imaginations de l'époque!...

Au large se trouvent les récifs dits des "Briquets". Pourquoi ce nom bizarre? Ces endroits très dangereux pour la navigation avaient-ils pris le nom des moyens utilisés pour allumer le feu du sabbat dans l'anse de Luhaya? Ou bien faisaient-ils allusion aux feux qu'allumaient autrefois les pilleurs d'épaves la nuit pour guider vers les rochers les malheureux marins à l'époque où il n'y avait pas de phares?

Source: Découverte de la Corniche Basque/CPIE Littoral Basque.- 2014, 228 p.. -

ISBN 978-2-9532907-3-8